BFQS

   Les expressions verbales figées de Belgique - France - Québec - Suisse

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Présentation du projet international BFQS (Belgique - France - Québec - Suisse)

    Le "Lexique-grammaire", entrepris au Laboratoire d’Automatique Documentaire et Linguistique du CNRS (LADL) depuis plus de trente ans, s’applique à décrire l’ensemble des types de phrases construites avec les verbes simples du français en fonction des items lexicaux qui conditionnent leur syntaxe. Commencé avec la classification des constructions à verbe simple (Boons, Guillet & Leclère 1976, Gross 1975, Guillet & Leclère 1992, Leclère 1990), il se complète entre autres par l'étude de milliers de combinaisons verbales considérées comme "figées" (M. Gross 1982, 1988).

    L’ensemble des expressions répertoriées au LADL et décrites syntaxiquement ont pour objet le français en usage en France (Hexagone). Le projet BFQS propose de compléter et d'élargir la description à la partie de la francophonie qui inclut la Belgique, le Québec et la Suisse. Les expressions figées propres à ces trois variétés du français sont le plus souvent décrites de façon lacunaire et éparse, tant dans les grands dictionnaires que dans des ouvrages consacrés aux français « régionaux ». Elles font ici l’objet d’un inventaire et d’un classement aussi exhaustif que possible, d’après le modèle conçu au départ pour les expressions appartenant au français hexagonal.

    Le recensement s'est fait suivant une double démarche. Nous avons dans un premier temps relevé dans la liste de 44000 expressions figées, constituée par M. Gross, celles qui sont communes à toutes les variétés (BQFS). Celles-ci, correspondant à la grande majorité des expressions, constituent le véritable tronc commun des expressions figées, dites BFQS et illustrées ci-dessous:

(1)      

            a. Luc a cassé la figure à Max

            b. Luc a tendance à aller vite en besogne

            c. Léa n'y va pas avec le dos de la cuiller

            d. Ce nouveau poste lui va comme un gant

    Cette liste se complète par les expressions figées qui ne ressortissent qu’à une ou plusieurs variétés. Ainsi, outre les expressions BFQS (2a-e), nous avons recensé comme variantes géographiques les expressions de (2f) à (2n) :

(2)      

a. Aller au diable         

BFQS

b. Aller chier                 

BFQS

c. Aller se coucher

BFQS

d. Aller se faire pendre <ailleurs>

BFQS

e. Aller voir ailleurs/dehors/là-bas si j'y suis

BFQS

f. Aller se faire cuire un œuf                 

BFS

g. Aller se faire enculer  

BFS

h. Aller se faire fiche/foutre

BFS

i. Aller se faire lanlaire

BFS

j. Aller se faire voir  ailleurs

BFS

k. Aller se faire voir chez les Grecs

BFS

l. Aller se rhabiller          

BFS

m. Aller à la merde

BQ

n. Aller chier dans sa caisse     

FS

o. Aller à la moutarde                         

B

p. Aller se faire enrager                       

B

q. Aller chez/sur le bonhomme

Q

r. Aller chez/sur le diable         

Q

s. Aller jouer dans le trafic

Q

t. Aller jouer sur la barre blanche

Q

u. Aller jouer sur l'autoroute

Q

v. Aller péter dans les fleurs

Q

w. Aller se crosser <avec une poignée de braquettes>

Q

x.  Aller loin                                        

S

Dans l'état actuel des travaux, tout le corpus a été trié et codé en fonction des quatre variétés. L'élaboration de la lettre A a permis de mettre au point la méthodologie très complexe de la description et d'établir un protocole qui devra être appliqué au reste de l'alphabet. Le protocole élaboré est le résultat d'un travail considérable portant sur la question du figement, l'analyse syntaxique des expressions, l'harmonisation des définitions, la recherche d'exemples significatifs ainsi que l'établissement des expressions synonymes appartenant à des variétés géographiques différentes.

            Le fait de constituer un thesaurus des expressions des quatre grandes variétés  de la francophonie (B, F, Q, S) en travaillant à partir d’un même cadre théorique, permet non seulement de mettre évidence ce qui constitue le tronc commun du français (BFQS), mais encore d’identifier les expressions qui  relèvent strictement du français de France (F). La description du sous-ensemble F, n’ayant à notre connaissance jamais été entreprise auparavant, constitue sans doute un des résultats les plus originaux du projet et montre qu’il ne faut pas confondre, comme on le fait souvent, français commun et français de France. En outre, la connaissance précise des diverses intersections des variétés géographiques est également à un aspect novateur de ce projet.

     >>> Voir le graphique des variétés et de leurs combinaisons (document au format pdf)                                

              Un autre aspect original du projet est l’analyse syntaxique systématique de toutes les expressions recensées. Toutes sortes de produits didactiques et informatiques deviennent envisageables à partir des résultats descriptifs obtenus, allant d’outils servant à l’enseignement du français langue étrangère (FLE), à l’analyse ainsi qu’à la traduction automatiques d’une variété géographique par sa transposition en français ‘commun’.

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