La neutralité des réseaux

Pour et contre

Contre

Parmis les contre, nous retrouvons des personnes assez célèbres tel que Bob Kahn (Inventeur du TCP) et des industries des télécommunications comme AT&T, Comcast, Alcatel... Je vais exposer dans cette partie les différents arguments avancés contre la neutralité des réseaux.

Dans un premier temps, l'argument principal a été de dire qu'il ne s'agissait que de la crainte injustifiée de certaines personnes n'ayant pas les compétences techniques nécessaires pour approcher le problème. Si cet argument a pu tenir un temps, cela ne s'avère plus correct.

Aujourd'hui, nous pouvons constater que la bande-passante manque. Par exemple, un site Internet tel que Youtube consomme en trois mois 75 pétaoctet soit l'équivalent des flux radio+TV en un an. Andrew Coburn, vice-president de Catastrophe Research at Risk Management Systems, a déclaré qu'en cas de pandémie, la surcharge soudaine risque d'écrouler le réseau. Mais aujourd'hui, personne n'a de vision globale permettant de gérer une telle crise. Chaque FAI a ses données mais aucune mise en commun n'est faite.
Un flux tel que celui de Youtube est très couteux pour les cablo-opérateurs qui ne peuvent pas toujours supporter une telle charge. Leur idée est donc de vouloir faire payer la QoS. Non pas à l'internaute lambda, mais à ces gros générateurs de traffic que sont Google, Yahoo ou Facebook. L'argent ainsi récolté permettra d'investir dans l'infrastructure et donc de supporter des demandes importantes en bande-passante.

Dans de nombreux pays, il existe une autorité de régulation dont le but est de s'assurer du bon fonctionnement des télécommunications. En France, il s'agit de l'ARCEP et aux États-Unis de la FCC. Elles remplissent leur rôle avec soin et veillent à ce que le consommateur soit protégé.

Un autre argument est de dire que le réseau n'a jamais été neutre. En effet, si on regarde le format des paquets IP, il a dès le début été prévu un champs QoS. La QoS permettant de privilégier certains protocoles, certaines adresses, elle est bien évidemment contraire à la neutralité des réseaux.

Bob Kahn a indiqué qu'initialement, le principe de bout-en-bout (qui est le fondement d'Internet et sert de base à la neutralité des réseaux) a été choisi dans le but d'inter-connecter des réseaux différents (ARPANET, radio et satellite) sans les modifier. Il s'agissait alors d'un choix pragmatique effectué par des ingénieurs qu'il n'est aujourd'hui pas nécessaire de garder dans la mesure ou ce n'est plus adapté à l'Internet d'aujourd'hui.

Pour

Parmis les partisans de la neutralité des réseaux, on retrouve Vinton Cerf (qui a travaillé avec Bob Kahn sur TCP), Tim Berners Lee (inventeur du web) et des fournisseur de contenus tel que Google, Yahoo, ebay...

Leur argumentation commence par une mise en garde : Celui qui possède l'information possède le pouvoir. Au vue de la quantité d'informations circulant dans les tuyaux, il semble important de cadrer juridiquement la gestion de l'Internet. Les cablo-opérateurs sont accusés d'aspirer à être les gardiens de l'Internet en choisissant où se situe les barrières. Ceci est clairement dangereux pour l'Internet libre et ouvert que nous connaissons aujourd'hui. C'est bien parce que les protocoles sont ouvert qu'Internet a pu se développer et atteindre le grand public. L'innovation y est possible par tous puisque chacun peut lancer un serveur et créer ainsi son service.

L'espace Internet est profondément méritocratique. La compétition y est équitable et c'est ce qui le rend si attrayant. Mais l'idée de tiered-service (faire payer pour de la QoS) en créant un Internet à plusieurs vitesses. Un site n'ayant pas les moyens de payer se verra être extrêmement lent. C'est ce que Tim Wu appelle le Tony Soprano business model. Il suffit pour les cablo-opérateurs d'organiser le manque de bande passante et ainsi s'assurer un rendement agréable.

Si au premier abord le modèle OSI semble raisonnable, ne pas respecter le neutralité des réseaux tuerait ce modèle. En effet, en plaçant de l'intelligence au cœur du réseau la séparation entre la couche transport et applicative finira par s'effacer signant ainsi la fin de ce modèle.

Conclusion

Il y a visiblement des arguments pour et contre la net neutrality et il est délicat de se faire un avis sur la question. Néanmoins, nous voyons déjà aujourd'hui les problèmes que pose le non-respect de ce principe :

Ce genre de pratique est interdit par le code des postes et communications électroniques article L32-1 :Au respect par les opérateurs de communications électroniques du secret des correspondances et du principe de neutralité au regard du contenu des messages transmis, ainsi que de la protection des données à caractère personne. Néanmoins, la seule sanction possible est que l'ARCEP décide qu'un opérateur par ces fautes n'a plus le droit d'être opérateur. Mais nous voyons mal l'ARCEP dire à SFR, Bouygues ou Orange qu'il n'est plus opérateur.