Deuxième version
¤L’IMPATIENCE.
1
1
L’IMPATIENCE.
E
viens pas ; non ! Punis ton injuste maîtresse :
Elle a maudit l’amour; j’en suis tremblante encor
;
Elle a maudit ses pleurs, ses tourmens, son ivresse,
Et sa révolte a pris l’essor.
Elle a dit : « J’ai perdu mes songes infidèles.
« Le temps
nemarche plus ; la douleur n’a point d’ailes;
« L’amour seul est rapide, ingrat, sans souvenir ;
« Il
devance, il dévore, il détruit l’avenir :
« Je déteste l’amour. Je veux aimer la gloire
:
34
6 ÉLÉGIES.
«
Elle promet des biens; je tâcherai d’y croire.
« Qu’elle endormemesmaux, si je n’en peux guérir :
«
Quand on nemeurtpastoute, on craintmoins demourir.»
Puis, elle a dit : « La gloire est un cercle dans
l’onde.
« C’est l’écho de la vie ; il expire à son tour :
« Eh ! que m’importera
, dans une nuit profonde,
« Ce vain écho d’un jour?
« Eh bien ! je hais la gloire et l’attente perdue,
« Et l’amour, et l’image à mon c
aur suspendue,
« Je hais tout! » Mais bientôt elle n’eut plus de voix

Que pour former ton nom, pour t’appeler cent fois
;
Elle cherchait en vain sa colère exhalée
:
Oh ! la piquante abeille est moins vite envolée
:
En vain l’écho trompé disait
: « Je veux hair : »
Triste, elle a murmuré : « Ciel
qu’il tarde à venir ! »
Ne viens pas
! Que la nuit, sans presser sa paupière,
Laisse battre son co
ur dans la crainte etl’espoir ;
ÉLÉGIES. 347

Qu’une journée encor l’accable toutentière,
it’s
San’
s la rendre à la vie, au bonheur de te voir !.1.5. Nii
Une journée... un siècle... auras-tu ce courage ?
’,
Oui, l’homme
est courageux. Tu dis qu’il est aimant:.
Prouve-le ! Tu le sais, l’amour est un orage ;
Écris ; d’un pur espoir rends-lui l’enchantement
:’| IoT
Écrire
!... et le temps vole ; il emporte la vie,.; if !
Il s’enfuit escorté des heures et des jours :
1. 9. 2007
Imite sa vitesse,
ô !mon idole, accours; poi !
Qu’il m’emporte avec toi, c’est tout ce que j’envie !
0 ! Dieu ! si tu venais... ! Viens ; je veux le parler ;
J’ai
des secrets encor, j’en aimille à l’apprendre:
Et
les tiens, tous les tiens, viensmeles révéler,
Viens m’en flatter, viens
meles rendre !
Je dirai
: Te voilà ! Je dirai...Mon bonheur
Inventera des mots que ma tristesse ignore :
Ne
crains pas que j’en trouve un seul pour la douleur ;
Mais ceux qui te plaisaient, je les sais tous encore.
348 ÉLÉGIES.
Que de voix... que d’espoir ! Qui sontceux que j’entends?
Les voici... Devant eux je demeure glacée
;
Je ne les entends plus, je sens fuir ma
pensée,
Et
je n’ai pas vu ceux qui m’ont parlé long-temps.
Toi, tu ne viens jamais ! Qu’importe que je meure
?
Les minutes en vain volent autour de l’heure
;
Et l’heure, en les comptant, fait tomber sans retour
Les mois, les ans, la vie ! et sans
toi, sans amour!
  Première version
¤L’IMPATIENCE.
00000000
Ne
viens pas; non ! Punis ton injuste maîtresse :
Elle a maudit l’amour; j’en suis tremblante encor
.
Elle a maudit ses pleurs, ses tourmens, son ivresse,
Et sa révolte a pris l’essor.
Elle a dit : « J’ai perdu mes songes infidèles.
« Le temps
nemarcheplus; la douleurn’a point d’ailes.
« L’amour seul est rapide, ingrat, sans souvenir ;
« Il
devance, il dévore, il détruit l’avenir :
« Je déteste l’amour. Je veux aimer la gloire
;
Elle promet des biens : je tâcherai d’y croire.
Qu’elle endorme mes maux, si je n’en peux guérir:
Quand on ne meurt pas toute, on craint moins de mourir.»
«
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ÉLÉGIES. 13

Puis, elle a dit : « La gloire est un cercle dans
l’onde.
« C’est l’écho de la vie ; il expire à son tour :
« Eh ! que m’importera
dans une nuit profonde,
« Ce vain écho d’un jour?
« Eh bien ! je hais la gloire et l’attente perdue,
« Et l’amour, et l’image à mon c
æur suspendue,
« Je hais tout! » Mais bientôt elle n’eut plus de voix
,
Que pour former ton nom, pour t’appeler cent fois
;
Elle cherchait en vain sa colère exhalée
:
Oh ! la piquante abeille est moins vite envolée
;
En vain l’écho trompé disait
: « Je veux h?ir: »
Triste, elle a murmuré : « Ciel
! qu’il tarde à venir! »
Ne viens pas
! Que la nuit, sans presser sa paupière,
Laisse battre son co
eur dans la crainte et l’espoir ;
Qu’une journée encor l’accable toutentière,

San
s la rendre à la vie, au bonheur de te voir :
Une journée... un siècle... auras-tu ce courage ?

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14 ÉLÉGIES

Oui, l’homme
est courageux. Tu dis qu’il est aimant :
Prouve-le ! Tu le sais, l’amour est un orage ;
Écris ; d’un pur espoir rends-lui l’enchantement
.
Écrire
... et le temps vole ; il emporte la vie,
Il s’enfuit escorté des heures et des jours :

Imite sa vitesse,
oh ! mon idole, accours ;
Qu’il m’emporte avec toi, c’est tout ce que j’envie !
Oh ! Dieu ! si tu venais... Viens ; je veux te parler ;
J’ai
des secrets encor, j’en ai mille à t’apprendre :
Et
les tiens, tous les tiens, viens me les révéler,
Viens m’en flatter, viens
me les rendre !
Je dirai
, Te voilà ! Je dirai... Mon bonheur
Inventera des mots que ma tristesse ignore :
Ne
crains pas quej’en trouve un seul pour la douleur ;
Mais ceux qui te plaisaient, je les sais tous encore.
Que de voix... qued’espoir!Quisontceuxquej’entends?
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Les voici... Devant eux je demeure glacée
,
Je ne les entends plus, je sens fuir ma
pensée,
Et
je n’ai pas vu ceux qui m’ont parlé long-temps.
Toi, tu ne viens jamais ! Qu’importe que je meure
.
Les minutes en vain volent autour de l’heure
;
Et l’heure, en les comptant, fait tomber sans retour
Les mois, les ans, la vie ! et sans
toi, sans amour !
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6 ÉLÉGIES
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